Balade sur un grain de sable
LA NAISSANCE DU QUARTZ

Au commencement de notre histoire naît le quartz, cristal constitué de silice anhydre, c’est-à-dire sans eau, composée d’un atome de silicium et de deux atomes d’oxygène.

Un cristal, de quelque nature qu’il soit, se construit comme une maison, brique après brique. Les briques sont les molécules qui le constituent, dont l’agencement forme la maille cristalline qui caractérise le cristal. Ainsi le sel de cuisine, le chlorure de sodium, cristallise-t-il dans le système cubique. Le quartz, lui, cristallise dans le système hexagonal.

Imaginons un quartz provenant d’un granite. « Granite » avec un «e» final, pour le distinguer du « granit » (sans «e» final), pierre simplement dure et polissable utilisée par les marbriers, quelle que soit sa nature.

Lorsque le magma, masse pâteuse qui est montée lentement des profondeurs de la terre, se refroidit progressivement, elle donne naissance à divers types de cristaux, essentiellement des micas, des feldspaths et des quartz. Ces derniers, qui sont les derniers à cristalliser, doivent trouver l’espace nécessaire à leur formation entre les autres cristaux déjà bien formés, et leur morphologie s’en ressent : ils sont informes, tordus, contraints de se mouler entre les cristaux plus rapides à cristalliser. On les appelle des cristaux xénomorphes.

Dans une roche volcanique, au contraire, la lave monte rapidement depuis les profondeurs de la terre à l’état de masse pâteuse et chaude, puis se consolide en se refroidissant en surface. Cette fois, les quartz prennent leur revanche et sont les premiers à cristalliser : toute la place leur étant offerte dans le magma qui se refroidit, ils peuvent en toute liberté acquérir de magnifiques formes cristallines, telles que celles des quartz bipyramidés. On les appelle des cristaux automorphes, avec une apparence géométrique parfaite :

Formes cristallines

En ce cas, ce sont les autres cristaux qui doivent se mouler sur les cristaux de quartz en occupant la place qu’ils daignent leur laisser. A ce stade de leur vie, les quartz qui viennent de naître, qu’ils soient automorphes ou xénomorphes, sont protégés de toute agression extérieure au sein de la roche qui les a vus naître, et qu’on appelle la roche mère. Ils conservent encore intacts tous les caractères acquis lors de leur naissance : taille, forme, inclusions et aspect.

Mais les meilleures choses ont une fin, même pour un quartz. Car à mesure que la roche mère affleure la surface, elle va être soumise à une altération de plus en plus agressive.