Le C.A.R.M.E et la D.S.T

Le C.A.R.M.E

En 1981, LLR vient de créer le C.A.R.M.E. (Centre d’Applications et de Recherches en Microscopie Electronique, implanté à La Teste, en Gironde), premier laboratoire privé du monde spécialisé en microanalyse, qui comptera bientôt une équipe pluridisciplinaire de 30 techniciens et ingénieurs de haut niveau. Le laboratoire devient rapidement célèbre en résolvant, pour le compte de sociétés privées et d’organismes publics, les problèmes les plus complexes dans des domaines tels que la biologie, l’électronique, la métallurgie, la chimie, la géologie, les oeuvres d’art, l’aéronautique, l’armement, la recherche médicale et bien d’autres encore.

La D.S.T

La D.S.T. (Direction de la Surveillance du Territoire) est le service de contre-espionnage français.

Une de ses missions consiste à se documenter sur toutes les entreprises nationales susceptibles d’intéresser, pour une raison quelconque, les pays étrangers. C’est aussi d’informer les responsables scientifiques et économiques sur la façon de se protéger contre les risques d’espionnage et de pillages intellectuel et technologique.

A l’évidence, le C.A.R.M.E., qui travaillait beaucoup pour l’armée, faisait partie des organismes à hauts risques. Certains des dossiers que LLR détenait auraient fait le bonheur de bien des espions.

C’est pourquoi, dès le début de 1982, un inspecteur de l’antenne régionale de la D.S.T. vint frapper à la porte du bureau de LLR. Il avait pour cela deux excellentes raisons : la première consistait à accomplir son travail d’information ; la seconde était un problème à lui soumettre.

La D.S.T., en effet, venait de « neutraliser » un agent de renseignement étranger, et avait découvert sur lui deux produits suspects, dont l’un se présentait sous forme de comprimés blancs portant sur une face le dessin d’un mortier de pharmacien, et sur l’autre l’inscription « Métaspirine ». La D.S.T. s’était donc adressée au laboratoire de la Préfecture de police de Paris qui, quelques semaines plus tard, confirma formellement que les fameux comprimés étaient bien constitués d’aspirine. Mais la D.S.T., instruite par des années de déconvenues quant à la qualité des laboratoires de police, doutait de la fiabilité du résultat, et demandait a LLR d’effectuer une vérification.

Une heure plus tard, le M.E.B. (Microscope Electronique à Balayage) rendait son verdict : les comprimés ne contenaient pas un atome d’aspirine, mais un produit dont la composition était proche de celle d’un révélateur photographique. L’analyse de l’autre produit permit a LLR, au bout d’une semaine de travail, de déterminer que celui-ci et la fausse aspirine, mélangés dans des proportions bien précises, permettaient d’écrire sur papier des messages totalement indétectables par les moyens classiques. LLR avait par la même occasion découvert un procédé pour révéler ces messages. Ce travail lui vaudra une rarissime lettre officielle de remerciements du directeur de la D.S.T., datée du 30 juillet 1982, qui dit : « Monsieur, vous avez bien voulu faire procéder dans votre Centre à l’analyse de deux produits saisis dans une affaire de Contre-Espionnage traitée par ma Direction. Les résultats obtenus ont apporté des indications précieuses sur un moyen discret de communication employé par un agent de renseignement étranger neutralisé en France. La connaissance de ce procédé «d’écriture secrète» met, par ailleurs, mes Services en mesure de détecter de nouveaux agissements susceptibles de porter atteinte à notre Défense. Je tiens à vous exprimer ici toute ma gratitude pour votre collaboration et je vous transmets au nom de la Direction de la Surveillance du Territoire mes remerciements les plus vifs. (…) »

Lettre du directeur D.S.T (télécharger le document pdf)

Ce premier résultat, qui marquera le début d’une amicale collaboration entre la D.S.T. et LLR durant des années, Lui fit découvrir avec stupéfaction le niveau d’incompétence des laboratoires de police.