Police – Bilan
De 1983 à 1991, le C.A.R.M.E. étudiera environ mille cinq cents affaires judiciaires avec un pourcentage de réussite de 93 % (1).

Dès la fin de 1985, on peut considérer que la rénovation de la police scientifique française est accomplie. La justice passe ainsi de la terrifiante religion de l’aveu à celle des preuves matérielles. Les succès du C.A.R.M.E. dans la résolution des affaires criminelles les plus difficiles font souvent la «une» des journaux, et la réputation du laboratoire devient mondiale.

De 1985 à 1986, le ministère de l’Intérieur ne manque pas une occasion d’appeler LLR au secours. C’est le cas par exemple le 26 septembre 1985, quand le S.C.T.I.P. (2), affolé, contacte LLR. Suite à l’annonce inattendue de Joxe concernant son plan de modernisation de la P.T.S. (Police technique et scientifique), cet organisme a reçu pour mission de présenter à toutes les polices du monde les fleurons scientifiques mis au point par le ministère français de l’Intérieur. Or, en cette saison, et depuis des lustres, il n’en pousse guère dans les parages de la place Beauvau (Siège du ministère de l’Intérieur)…

Le seul véritable laboratoire de police scientifique français, c’est le C.A.R.M.E., et le problème c’est que le directeur général de la police du Brésil, Romeo Tuma, vient admirer les réalisations annoncées par Joxe dans son fameux plan !

Or, il n’y a pas de rénovation !

Aucune réalisation !

Le désert scientifique, le néant technique, l’absence de crédits et la grève des cerveaux ! Que faire ?

Car le ministère, on le comprend, a honte de présenter ses officines pompeusement baptisées laboratoires à un personnage aussi important. Le S.C.T.I.P. a donc trouvé la solution : faire visiter le C.A.R.M.E. à Tuma, avec l’accord de LLR, mais en présentant toutefois celui-ci comme le laboratoire de police scientifique de pointe… du ministère de l’Intérieur ! C’est ainsi que, pendant une journée entière, Tuma peut s’extasier longuement sur les prouesses techniques extraordinaires de la police française brutalement rénovée…

Cette visite sera suivie de beaucoup d’autres, et LLR aura en deux ans l’occasion d’accueillir nombre de ministres, d’ambassadeurs et de policiers de haut grade d’une bonne dizaine de pays (Arabie Saoudite, Belgique, Espagne, Inde, Indonésie, Maroc, Mexique, Monaco, etc.), participant ainsi involontairement à l’escroquerie intellectuelle de la « Bande à Joxe » puis de la « Bande à Pasqua ».

En novembre 1986, l’Institut International de Police organise à Paris un séminaire destiné aux responsables des services d’ordre du monde entier. Une trentaine de ministres, directeurs, secrétaires d’Etat, généraux et autres huiles doivent assister à cette manifestation organisée à grand bruit (et à grands frais). Malheureusement, malgré leur rénovation annoncée, les laboratoires de la police technique et scientifique française n’ont toujours rien à présenter de décent dans une réunion de ce niveau. Pire : les directeurs des laboratoires de la police n’ont pas la moindre idée du plus petit commencement d’amorce d’une ébauche de conférence un tantinet originale… La honte ! Alors, une fois de plus, on fait appel à LLR pour faire à ces importants invités de l’Etat français une conférence sur la microanalyse qui, comme d’habitude, remporte un franc succès. Puis, tandis que ces messieurs s’en vont au Lido aux frais de la princesse, LLR regagne sa lointaine province, avec en poche une belle médaille en fer blanc offerte par Charles Pasqua, successeur de Joxe. Ce que LLR ignore, c’est qu’avant son arrivée et après son départ, le C.A.R.M.E., cette fois encore, a été présenté comme… le centre de recherches de la police !

LA FORMATION DES ENQUETEURS

Dès le début de 1985, des responsables d’unités de recherches de la gendarmerie et de nombreux magistrats demandent a LLR d’organiser des conférences ainsi que des stages d’information sur la microanalyse et les techniques de prélèvements sur le terrain.

Entre mai 1985 et mai 1989, LLR vas ainsi former 32 magistrats, 154 gendarmes, 8 légistes et une trentaine de policiers. Au cours de la même période, 162 magistrats, 923 gendarmes et 110 policiers assistent à ses conférences dans toute la France.

Et jamais, jamais, LLR ne réclame le moindre centime : stages, conférences, visites, documents, tout est gratuit! En avril 1987, LLR offre même au centre de perfectionnement de police judiciaire de Fontainebleau une vingtaine de mallettes P.P.M., la D.G.G.N. s’étant déclarée dans l’incapacité d’assumer une telle dépense (20.000 francs)…

(1) Ce pourcentage signifiant que, dans 93 % des cas, le laboratoire a fourni au magistrat instructeur une réponse (positive ou négative) aux questions posées, et non pas (comme certains détracteurs ont voulu le faire croire) qu’à cause du C.A.R.M.E. les magistrats ont inculpé 93 % des suspects qui leur tombaient entre les mains !

(2) Service de Coopération Technique International de la Police. Etrange organisme mi-étatique et mi-privé qui permet au ministère de l’Intérieur de faire du commerce d’exportations de toutes sortes dans le monde entier .