L’Exécution des époux Ceaucescu 

VERSION OFFICIELLE :
Exécution » légale » et sans bavure.

VERITE :
Mise en scène répugnante en plusieurs étapes.

Selon la version officielle, Elena et Nicolae Ceausescu furent très légalement exécutés le 25 décembre 1989.

La vérité est bien différente, et chacun peut le vérifier.

Le dimanche 22 avril 1990, à partir de 22 heures 30, TF1 retransmet les images du simulacre de procès suivi de l’exécution des époux Ceausescu.

Loïc Le Ribault a deux excellentes raisons pour regarder l’émission : la première, simplement pour l’intérêt historique de l’évènement. La seconde est professionnelle. En effet, il est toujours intéressant pour un homme qui fait ce métier d’étudier un film présentant une exécution, car on peut en tirer d’utiles renseignements concernant le comportement des corps sous les impacts des balles, sur la trajectoire des projections de sang, bref sur tout ce que des experts sont amenés à découvrir puis à interpréter sur les lieux d’un crime. Il enregistre donc l’émission au magnétoscope.

Jusqu’à six heures du matin, il passe et repasse la scène de l’exécution, en vitesse normale puis au ralenti et enfin image par image. Ce qu’il découvre est stupéfiant.

D’abord, que signifient les cinq balles traçantes qu’on distingue à la toute première seconde ? On dirait un signal…

Pourquoi n’y a-t-il aucun peloton d’exécution, mais seulement (à droite de la scène) un soldat casqué tenant un lance-grenades, agenouillé devant un camion militaire ?

D’où provient la fumée bleue qui masque les corps étendus ? Elle ne peut provenir de pistolets mitrailleurs, qui ne produisent pas de fumée. Elle n’est pas non plus due aux impacts des balles sur le mur, puisqu’elle est localisée au niveau du sol et devant les corps.

Comment se fait-il que les rafales des armes soient dirigées vers le sol, plusieurs mètres devant les condamnés ?

Les Ceausescu sont supposés avoir été abattus alors qu’ils se tenaient debout le long du mur. D’ailleurs, au moins cent cinquante impacts ponctuent celui-ci. La quasi totalité sont situés entre le sol et une hauteur maximale d’environ un mètre cinquante. Les victimes devraient donc avoir reçu les projectiles dans les jambes et l’abdomen. Mais elles ne présentent aucune blessure sanglante à ces endroits du corps! Or, c’est impossible : une rafale de pistolet mitrailleur dans le ventre réduit celui-ci en charpie.

Les seules blessures sanglantes sont :

– pour Nicolae, une située entre la nuque et la tempe droite (le sang a d’ailleurs giclé sur le mur depuis cet endroit);
– pour Eléna, une à la tempe droite.

Les deux victimes ont donc été abattues chacune d’une seule balle dans la tête.

Le Ribault s’attarde longtemps sur la coulée sanglante provenant de la tempe d’Eléna. Il a beau la regarder, la scruter, l’explorer, elle ne varie pas d’un centimètre pendant tout le reportage. Sa morphologie correspond à un écoulement classique sur terrain lisse en pente. Ce qui est anormal, c’est sa fixité.

Un flot sanguin aussi abondant figé instantanément sur un sol en déclivité constituerait une grande première dans les annales de la criminalistique. En réalité, ce phénomène prouve tout simplement qu’Eléna a été tuée bien avant la réalisation du film de son exécution «en direct» !

D’ailleurs, un autre élément confirme ce décalage dans le temps : lorsqu’un supposé médecin soulève la tête d’Eléna, il la soulève par le col de son manteau. Logiquement, pour un cadavre si frais, la tête de la victime devrait pendre et balloter au cours de la manipulation. Or, elle reste strictement dans le prolongement du cou, ce qui indique un début de rigidité cadavérique, phénomène qui commence à se manifester environ trois à cinq heures après le décès. Une telle rigidité pourrait certes être due à une arthrose cervicale, mais les images du «procès» montrent qu’Eléna ne souffrait pas d’une telle affection.

Elle a donc bel et bien été tuée au moins trois heures avant le «reportage».

En ce qui concerne Nicolae, on ne constate aucune rigidité de ce type. La balle lui a-t-elle brisé la colonne vertébrale? A-t-il été exécuté longtemps après sa femme ? Loïc Le Ribault ne sais pas. Tout ce qu’il peut dire, c’est que, compte tenu de sa position, il semble avoir été abattu alors qu’il était agenouillé. Cette position et ce procédé d’exécution font d’ailleurs partie des vieilles traditions staliniennes…

l’assassinat. Rien. Un silence abyssal.

Ou personne n’a rien remarqué, ou nul n’a voulu révéler le scandale.

Et ce n’est pas tout.

Le visage de Nicolae présente l’aspect de celui d’un homme battu, avec notamment des hématomes au niveau de la pommette gauche et du menton.

Il en est de même de celui d’Elena.

Sous le talon d’Elena on voit une profonde déchirure, longue de plusieurs centimètres, indubitablement causée par une autre balle. Et cette blessure ne saigne pas, preuve qu’elle a été infligée après la mort de la victime !

  • Le docteur Tachoires (Anesthésiste-réanimateur à Marmande, expert près la cour d’appel d’Agen) écrit la lettre suivante à LLR :

» (…) J’ai visionné très attentivement cette cassette, car comme vous j’ai cherché la «manipulation». (…) En ce qui concerne Mr Ceausescu, je puis vous affirmer au vu de la cassette qu’il était vivant moins de cinq minutes avant le tournage de la séquence. Regardez-la à nouveau et en particulier le moment où la caméra revient une deuxième fois sur son visage en faisant un mouvement vers l’avant en direction du mur.
L’objectif découvre progressivement le visage du personnage figé et à un moment bien précis, très net, on voit la bouche s’ouvrir un peu et on entend distinctement, malgré le bruit de fond, ce que nous médecins appelons un «gasp».
Les gasps, ce sont de petits mouvements spasmodiques accompagnés de bruits brefs caractéristiques, comme si le mourant essayait encore un peu de respirer. Cela se produit au moment de l’arrêt cardiaque et ne persiste jamais plus de quelques minutes après l’arrêt cardio-respiratoire. (…)»

Le docteur Tachoires a raison : Nicolae gaspe ! Il gaspe à tour de bras !

Maintenant, avec tous ces éléments, il est possible de reconstituer la véritable exécution des époux Ceausescu.

Eléna est abattue longtemps avant son mari d’une balle dans la tempe droite, après avoir été sévèrement battue. Elle tombe devant le mur et son sang s’écoule lentement de sa blessure en suivant la pente du terrain. Puis il se fige. Aucun cinéaste n’est présent pour filmer cet épisode du drame. Ou, pour être plus exact, aucun film concernant cet épisode n’a encore été diffusé…

Au moins trois heures plus tard, au pied du même mur, on amène Nicolae. A moins qu’il n’ait été présent tandis qu’on exécutait sa femme ? En tout cas, il a été molesté et frappé au visage.

Cette fois, le caméraman est prêt, mais il attend le signal.

On fait agenouiller Nicolae et on lui tire une balle dans la tête. Il s’affaisse en arrière et son sang éclabousse le mur.

Le cinéaste se met en position.

Au commandement, un ou plusieurs soldat(s) lance(nt) des fumigènes pour masquer le corps des victimes puis tire(nt) cinq balles traçantes : c’est le signal.

Immédiatement, le caméraman commence à filmer, tandis que, quelque part hors du champ de vision de la caméra, des soldats tirent (sans doute en l’air) des rafales de pistolet mitrailleur pour faire un fond sonore. Auparavant, ils ont tiré sur le sol, devant les cadavres ainsi que sur le mur, surtout au-dessus d’Eléna. Quelques uns des projectiles perforent les vêtements des cadavres, ainsi qu’un mollet et le talon d’Eléna.

On vient de fusiller deux morts, l’un décédé depuis plusieurs heures, l’autre seulement depuis quelques minutes.
Comme il fallait s’y attendre, les révélations de Loïc Le Ribault ne plaisent pas à tout le monde, notamment en Roumanie.

Dès le 4 mai, France Soir titre en première page : «Le bourreau des Ceausescu s’explique. Révolver à la ceinture, le vice-ministre à la barbe blanche contredit une à une les affirmations du C.A.R.M.E. (…)»

Enfin, on répond à Le Ribault ! Et pas n’importe qui. Sans doute Voïcan a-t-il lui aussi réuni des experts ? Amusant. LLR adore les discussions de techniciens…

Mais ce n’est pas le cas. Voïcan nie simplement l’évidence avec maladresse : il prétend que, loin de présenter des signes de début de rigidité cadavérique, Eléna émet un dernier râle au moment où le caméraman la filme. Il affirme que, si l’on regarde bien la bande, on constate que le sang coule abondamment. Il explique l’absence de sang sur les corps par le fait que les blessures ont été provoquées par des balles de guerre (!) et qu’en outre celui-ci a été absorbé par les vêtements des victimes !

Le Ribault ne peux laisser passer de telles énormités. Dès le lendemain, France Soir publie sa réponse. Il propose tout simplement la réunion d’un collège d’experts internationaux pour procéder à l’exhumation des corps et à leur autopsie. Comme ça, tout doute sera levé, et la vérité – déjà évidente rien qu’à l’observation de la bande – n’apparaîtra au grand jour.

Grand jour qui, sans doute, doit effrayer un peu le nouveau gouvernement roumain : en 2006, le défi n’est toujours pas relevé.

Et Le Ribault doute qu’il le soit jamais…