VERSION OFFICIELLE :
Naufrage dû à une » croche «.

VERITE :
Naufrage dû à une collision avec un objet sous-marin.

Le 14 mai 1987, le chalutier La Jonque, de Concarneau, sombre dans de bien étranges conditions, entraînant la disparition de ses cinq membres d’équipages. Deux hypothèses sont alors envisagées pour expliquer le naufrage : une croche du chalut et une collision avec un sous-marin. Mais la croche sur un fond de sable avec des reliefs ne dépassant pas deux mètres est hautement improbable ; par contre, de nombreux mystères entretenus par la Marine font pencher l’opinion des familles des victimes pour la seconde hypothèse.

Parmi les éléments les plus curieux de l’affaire, on note entre autres choses :

  • Que les sauveteurs expérimentés envoyés en avion à la recherche des naufragés affirment apercevoir un ou deux survivants sur un dinghy qu’ils survolent et étudient deux heures durant. Les échanges radio sont retransmis en clair et écoutés publiquement puis, à la suite d’une «fausse manoeuvre», sont basculés sur le canal confidentiel «Marine» avant de revenir sur les ondes publiques. A ce moment-là, l’embarcation est étrangement devenue un simple gilet de sauvetage sans personne à l’intérieur ! La Marine parle alors de «tragique méprise», les sauveteurs surentraînés ayant été «victimes d’une hallucination collective».
  • Plus tard, l’enregistrement des liaisons radio entre les avions de recherche et le CROSS d’Etel, chargé de la sécurité en mer, se révèle avoir été effacé accidentellement.
  • Après la découverte de l’épave, un sous-marin de poche (La Licorne) est envoyé sur les lieux pour la filmer. La cassette vidéo est bien entendue scellée, comme toute pièce à conviction. Mais lorsque les enquêteurs veulent visionner celle-ci, stupeur : elle ne contient qu’un film d’espionnage (KGB contre CIA)! Explication donnée : un adjudant de la gendarmerie maritime a emporté par inadvertance la cassette à son domicile et l’a utilisée pour effectuer des enregistrements personnels ! Sans doute très distrait, il n’a pas prêté attention aux cachets de cire rouge ni à la fiche descriptive qui accompagnent toujours une pièce à conviction… ni au sac de plastique qui l’enveloppait !

Les familles parlent alors de machination, et de l’élimination pure et simple des témoins survivants d’une bavure du style tir malheureux de missile ou collision avec un sous-marin français ou étranger.

La Marine hurle au scandale : ce genre de comportement serait contraire à son éthique.

Un magistrat décide alors de procéder au renflouement de l’épave, opération qui dure du 22 au 30 août 1991, puis La Jonque est hissée sur un quai du port de Brest. Chacun peut alors constater sur un de ses flancs une profonde trace de frottement longue de plusieurs mètres (nettement visible sur des photographies prises par la presse et sur des films réalisés par les familles des victimes). Comme si le chalutier avait été heurté par un gros objet sous-marin…

Le juge ayant été aimablement averti par un des employés(1) de Loïc Le Ribault que le C.A.R.M.E. allait bientôt fermer ses portes, c’est cet individu qui est nommé expert.

C’est Le Ribault par contre que les familles des victimes choisissent pour contrôler le sérieux des travaux d’expertise, mais le juge oppose un refus catégorique à toute participation de sa part, et Grafeille effectue seul les prélèvements sur l’épave.

Dès le 2 septembre, mystérieusement prévenue, la journaliste Bernadette Dubourg (amie de Grafeille) écrit dans Sud Ouest : «L’on croit savoir qu’aucune particule de cette peinture propre aux sous-marins, aussi microscopique soit-elle, n’aurait été retrouvée».

Ce qui constitue un scoop.

Car enfin comment peut-on déterminer à l’oeil nu qu’il n’existe aucune microparticule, alors qu’un tel objet n’est décelable que par examen au M.E.B. et que Grafeille travaille encore sur l’épave à 800 kilomètres de son microscope électronique ?

Et comment évoquer une peinture «propre aux sous-marins», alors qu’aucun prélèvement de ce type de peinture n’a été réalisé par l’expert sur un bâtiment de ce genre?

Autrement dit, Grafeille connaît (et diffuse à la presse) les conclusions de ses expertises avant même qu’elles n’aient été entamées… et deux mois avant la remise de ses rapports officiels au juge !

Dès réception de ces rapports, les familles des victimes en adressent une photocopie à LLR.

Il est outré : comme il fallait s’y attendre, les prélèvements nécessaires n’ont pas été réalisés, ceux qui ont été faits ne sont pas localisés, les analyses sont bâclées et les conclusions contredisent le texte !

Lors d’une conférence de presse organisée par les familles en mars 1992, Loïc Le Ribault stygmatise «le manque de sérieux» des travaux de Grafeille ; les familles demandent une contre-expertise et exigent cette fois la participation de Le Ribault aux opérations.

Mais le juge refuse, estimant cette demande non fondée et prétendant qu’étant donné qu’il est «aigri», ses arguments ne peuvent être considérés comme objectifs…

Et le non-lieu tant attendu par la Marine est enfin prononcé : officiellement, désormais, le naufrage de La Jonque est dû à une croche pourtant impossible.

(1)Un nommé Jean-Marie Grafeille, qui, alors qu’il était employé de LLR, entretenait sans que celui-ci le sache des relations très étroites avec le ministère de l’Intérieur par le biais de la franc-maçonnerie. Le 30 janvier 1991, alors qu’il est encore employé au C.A.R.M.E., il crée en cachette une société (la S.E.R.M.A.) exactement calquée sur celui-ci et avertit les magistrats de l’ouverture prochaine de son laboratoire en leur adressant à mon insu le courrier suivant: » J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le CARME, pour des raisons financières, a été dans l’obligation de déposer le bilan et que le laboratoire est en liquidation. (…) Je vous informe, en outre, qu’une structure de microanalyse, chimie, biologie, est d’ores et déjà opérationnelle. Il s’agit de la S.E.R.M.A. Je continue donc à être à votre entière disposition avec comme support une équipe pluridisciplinaire rôdée aux démarches de la criminalistique.» En 1992, puis en 2002, il se rendra ridicule en s’attribuant les mérites d’affaires traitées par le C.A.R.M.E. (La petite inconnue de l’A 10, Dandonneau, etc.).